Safita le 22 septembre 2008

Safita le 22 septembre 2008

jeudi 16 octobre 2008

Voyage en Syrie du 20 septembre au 2 octobre 2008


Le Croissant Fertile
  Toutes celles et tous ceux qui sont fascinés par l'aventure humaine sont intéressés par cette région du monde placée sur le chemin des migrations et accueillante à bien des égards. La zone dite du "croissant fertile" s'étend de la Mésopotamie à l'embouchure du Nil en passant par la Syrie et la Palestine (voir carte ci-contre)

Note pour le lecteur : - sommaire dans la bande latérale
- clic sur les photos pour les agrandir (sauf bande latérale).
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1 - Situation géographique intérieure de la Syrie


  La Syrie est, géographiquement, composée de régions très différentes. La bande côtière au climat très agréable est le lieu de passage de toutes les migrations. La "Montagne Alaouite" sépare la zone côtière de la vallée de l'Oronte qui constitue avec la vallée de l'Euphrate au Nord-Est, une zone riche en cultures (arbres fruitiers, céréales, coton...), mais aussi en hydrocarbures. Enfin, le désert syrien au Sud-Est avec l'exception de Damas et de l'Extrème-Sud.
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1.1 - L'étroite bande côtière


  A l'ouest de la Syrie, la côte est baignée par la Méditerranée, avec les ports de Lattaquié au Nord et de Tartous au Sud. Au centre, le port pétrolier et la ville industrielle de Baniyas.


La baie de Lattaquié - JCL le 29 septembre 2008 -









Tartous et son port - JCL le 22 septembre 2008







La plaine côtière entre Baniyas et Tartous
JCL le 22 septembre 2008









  La région de Lattaquié a des allures balnéaires comparables à ce que nous connaissons par ailleurs autour de la Méditerranée.
  La côte est une longue plage de 180 km et la bande côtière constitue le jardin potager du pays. On peut voir les serres sur la photo ci-dessus prise depuis la forteresse du Marqab. 


1.2 - Le Djebel Ansariyya (en prolongement des monts du Liban et de l'Anti-Liban).

Djebel Ansariyya en grisé
Longé par l'Oronte à l'Est


  Cette chaîne de montagnes (appelée aussi "Montagne Alaouite"), qui culmine à 1583 m, est parallèle à la côte, à environ 40 km. Elle commence, au sud, à partir de la trouée de Homs, le long de la rivière Nahr Al-Kabir qui sert de frontière avec le Liban, et s'étend vers le nord jusqu'à la vallée d'Antioche.


Sur les hauteurs de Safita - JCL le 24 septembre 2008 -
Vue Sud-Ouest, vers la trouée d'Homs et la mer




Au Nord de la montagne alaouite - Mahaliba -











   C'est sur ces coteaux entre mer et montagne que l'olivier règne en maître incontesté. Le Krak des chevaliers (Qalaat Al-Hossn) veille au sud sur la trouée de Homs et le Château de Saône (Qalaat Saladin) domine sur l'autre couloir d'invasions, au nord, au niveau de Lattaquié et d'Antioche.



Les oliviers de Safita - JCL le 1er octobre 2008 -

1.3 - L'Oronte et la dépression du Ghab

  Le djebel Ansariyya sépare la plaine côtière de la vallée de l'Oronte. 


  Le fleuve rebelle, qui coule à l'envers (du sud vers le nord), prend sa source dans les monts de l'Anti-Liban et se jette dans la Méditerranée, près d'Antioche, après avoir reçu ses affluents principaux, l'Afrin et le Kara Su qui descendent des montagnes turques (Taurus).


Hama - CL le 19 septembre 2008 -


Hama - CL le 19 septembre 2008 -
  L'eau fertilise toute la vallée permettant la culture d'arbres fruitiers (pommiers, abricotiers, pistachiers...). Hama, la ville principale, est réputée pour ses norias construites au IVème siècle. Les installations sont entretenues régulièrement. Elles sont utilisées lorsque le débit d'eau le permet.

Vallée de l'Oronte à Jisr Ash Shugur
 CL le 29 septembre 2008

  Au Nord, la région de Jisr Ash Shugur montre une belle vallée cultivée (photo ci-contre).

  En aval d'Hama, la dépression du Ghab (voir carte ci-dessus), longue d'environ 100 km, draînée et réhabilitée depuis 1954, produit des cultures vivrières comme le riz et le betterave à sucre par exemple.


Apamée - Le Cardo, l'avenue principale de la ville romaine -

  Au coeur du Ghab, la cité d'Apamée date de l'époque grecque. C'était une ville brillante à dominance militaire réputée pour ses haras royaux mais aussi pour ses 500 éléphants utilisés lors des conflits. L'expansion romaine, à partir de -64, mit fin à la domination hellénistique.
  Le site a subi 2 séismes au XIIème siècle, mais les vestiges permettent d'imaginer l'importance de la cité au cours des périodes grecques et romaines.  

Voir : extrait du livre de Mohamed Al Dbiyat, sur l'Oronte : jcloronte.blogspot.com

1.4 - Le Nord-Est du pays - d'Alep à Deir Ez-zor et à la frontière avec l'Iraq -

Les bassins du Tigre et de l'Euphrate

  C'est le bassin de l'Euphrate et le grenier de la Syrie. On y cultive principalement les céréales et le coton.


Euphrate - Dura Europos à la frontière irakienne



L'Euphrate à Deir Ez-Zor

1.5 - Le désert syrien

Désert syrien
  Il est situé au Sud-Est du pays. Seule la région de Damas échappe à la steppe désertique grâce à la rivière Barada qui coule depuis la montagne de l'Anti-Liban et se perd dans les vergers de Damas (la Ghouta). L'extrême sud du pays, le Hauran avec la cité de Bosra (photo du théâtre romain dans la bande latérale), est également très fertile et exploité pour l'agriculture, notamment les arbres fruitiers.

Sur le chemin de Palmyre


→ Voir en 2-8 : Palmyre - au centre du désert syrien, ville romaine et zénobienne, point de convergence des caravanes reliant la Péninsule Arabique, l'Afrique, l'Asie et le Proche-Orient.

2 - Creuset de l'aventure humaine 


2.1- Autour de -1,5 millions d'années - Homo Erectus / Homo Ergaster-

  Notre ancêtre, venu d'Afrique Orientale et d'Afrique du Sud, remonta progressivement vers le Nord, vécut au Proche-Orient puis colonisa le pourtour Nord-méditerranéen (Ergaster) et le Sud de l'Asie (Erectus). Ce fut la 1ère migration d'hominidés à partir du continent africain.

2.2- Entre -100 000 et -50 000 années - Homo Sapiens -

  Homo Sapiens, plus évolué que le précédent, apparut hors d'Afrique 100 000 ans environ avant l'époque actuelle. Ce fut la 2ème grande migration. La conquête de l'Europe ne put commencer, pour cet hominidé, qu'à la fin des grandes glaciations vers -40 000 ans. C'est notre ancêtre direct. Il est resté dans la zone à climat tempéré - la Syrie et le croissant fertile par exemple - pendant 50 millénaires (2 500 générations) avant de s'aventurer plus au Nord. La présence de l'homme paléolithique est attestée à Palmyre (Tadmore) vers -50 000 ans. 
  Pendant cette longue période, notre ancêtre vit certaines de ses caractéristiques physiques s'adapter aux conditions climatiques de son lieu de vie. Le taux de mélanine, par exemple, s'en trouva modifié pour tenir compte de la réduction d'exposition aux ardeurs solaires, en comparaison avec les régions d'origine en Afrique, plus exposées. Grâce à cette adaptation naturelle, l'humain peut recevoir, à la latitude à laquelle il vit, entre autres éléments, la quantité de vitamine D nécessaire à sa croissance. 
  L'adaptation se poursuivra au fil des migrations vers le Nord et finira par donner, dans les contrées nordiques, ces peaux d'un blanc laiteux que nous voyons aujourd'hui et qui sont si sensibles aux rayonnements solaires.

2.3 - Aswad -10 000 années -


Pointes de flèches
  A la fin du paléolithique et au néolithique, après la dernière glaciation, le climat au Proche-Orient s'adoucit et l'homme passa progressivement du nomadisme à la sédentarisation. Ci-contre, évolution des pointes de flèches servant aux chasseurs (avec les noms des lieux de découverte : voir Aswad).


  C'est en Syrie, au lieu dit Tell Aswad, au SE de Damas, que fut récemment découvert le premier village néolithique structuré montrant une organisation agricole sédentarisée. L'homme devint éleveur (chèvres, moutons..) et producteur de céréales et de légumes. Ce site, comparable à ceux de Mureybet également en Syrie, Jéricho en Palestine et de Hacilar ou Catal Hüyük en Turquie montre que la civilisation moderne commence à cette époque et en ces contrées.


Sédentarisation
  Suite à la sédentarisation, la céramique et les poteries apparurent vers -8 000 à -6 000 ans. Les réserves de nourriture purent alors être entreposées dans de bonnes conditions.



  Il fallut 2 000 ans de plus à l'Europe pour se mettre à niveau.



2.4 - Damas -6 000 ans (4 000 av JC) 


Mosquée des Omeyyades à Damas 
 JCL le 02 octobre 2008 -
  Vers cette date, nous constatons les premières implantations de l'homme sédentarisé, sur le site actuel de Damas, qui en font l'une des plus anciennes villes encore habitées du monde.
  Faute de temps, notre visite de Damas fut, pour cette fois, limitée à la Mosquée des Omeyyades. Cette merveille a une histoire compliquée.

  Les premières implantations sur le site furent un temple araméen (voir nota ci-dessous) vers -5 000 (3 000 av JC), puis un temple romain dédié à Jupiter construit vers -2 000 (1er siècle ap JC) sur les ruines du précédent.
Tombeau de Jean le Baptiste -
Les Omeyyades - JCL le 02 octobre 2008 -

  Ensuite fut élevée, 300 années
plus tard, la basilique byzantine dédiée à Jean le Baptiste (décapité en Samarie en 28 ap JC). Enfin, suite à la conquête de la région par les Arabes, les sultans Omeyyades transformèrent le site en mosquée en 705 en préservant le tombeau de Jean Baptiste (photo ci-contre) considéré comme un prophète par les musulmans.

Les Omeyyades - JCL le 02 octobre 2008 -

  Ci-dessous, près de la mosquée, le superbe souk El Hamidiyeh et le jardin botanique au bord de la rivière Barada.


Le souk El Hamidiyeh -  JCL le 02 octobre 2008
Le jardin botanique de Damas -  JCL le 02 octobre 2008













Nota. L'origine du peuple Araméen (1ère trace connue : -4200 ou 2200 av JC) est placée en Mésopotamie et dans la partie nord de la Syrie.  Leur langue, construite à partir du phénicien et des principes de l'alphabet d'Ougarit (voir ci-dessous), était la langue officielle de l'empire Perse jusqu'en 500 ap JC. Elle est à l'origine de l'arabe et, plus généralement, des langues du Proche et du Moyen-Orient.


2.5 - Alep  -5 000 ans -

  La région d'Alep est placée au carrefour des déplacements humains. En -4000, sous le nom d'Halab, la ville fut capitale du royaume des Ammorites. Elle prit encore plus d'importance par la suite avec l'installation des Hittites en -1595.

Savon d'Alep au souk
  Prise et reprise, comme toutes les cités de cette région, elle devint, à partir de -1000, la référence pour le commerce du savon (fabriqué avec des produits naturels locaux : huile d'olives, huile de laurier...). Ci-contre, boutique dans le souk d'Alep.

Alep - L'entrée monumentale de la forteresse -
- JCL le 29 septembre 2008 -


  



  Le monument le plus imposant d'Alep est la citadelle. C'est un palais royal construit en 1230 ap JC. L'entrée monumentale ci-contre fut ajoutée par les Mamelouks au XVIème siècle.


Alep - Le Grand Sérail - JCL le 29 septembre 2008 -

Alep - La mosquée Kosrofivé -
JCL le 29 septembre 2008 -















2.6 - L'alphabet à Ougarit  -3500 ans (1500 av JC)-

  L'écriture a, d'après les spécialistes, été inventée en Mésopotamie 6000 ans avant l'époque actuelle. L'Egypte pharaonique et la région de l'Indus ont suivi de près : -5500 environ.

Ougarit- Entrée de la ville antique - JCL le 29 sept. 2008 -


  Pour se servir intelligemment de l'écriture, les érudits d'Ogarit (actuelle El Shamra) inventèrent le premier alphabet voici 3500 ans.

Ougarit - Le port ancien - JCL le 29 sept. 2008 -





  Le port d'Ougarit, dans la baie de Minet el Beida ci-contre, était, vers -4000, l'établissement le plus important de la côte phénicienne.

Alphabet ougaritique
  Afin de gérer correctement les mouvements d'hommes et de marchandises, les Ougariens inventèrent l'alphabet ougaritique comprenant 27 signes principaux pour composer des mots et des phrases en s'affranchissant de l'écriture syllabique cunéiforme en vigueur à l'époque, l'akkadien.

2.7 - Entre -3000 et -4000 ans - Île d'Arwad (antique Aradus) -


Arwad et son port bien protégé


  L'antique Aradus était déjà le théâtre d'affrontements entre Ramses II et les Hittites. L'île, située en face de Tartous (antique Antaradus signifiant : ville en face d'Arwad) fut, grâce à son port, considérée comme un point stratégique par toutes les armées qui ont fréquenté la région.




Arwad vue de Tartous - JCL le 22 sept. 2008
   A l'époque phénicienne, l'île était gérée directement par le peuple, ce qui en fait l'une des premières démocraties du monde. Le commerce y était florissant mais elle suscitait des convoitises de la part des puissances voisines comme les Assyriens, les Chaldéens, les Egyptiens ou les Perses par exemple. Ce sont les Croisés qui, chassés de Syrie et de Palestine par les Mamelouks en 1291, donnèrent à l'île sa dernière heure de gloire en s'y maintenant pendant 10 ans avant de l'évacuer en 1302 .

Arwad - vue vers le large - JCL le 22 sept. 2008 -




  L'île vit désormais de la pêche et du tourisme. Elle fait actuellement l'objet de projets d'aménagements touristiques importants.





2.8 - Palmyre  -3700 ans (1700 av JC) -



Palmyre (Tadmore) - JCL le 26 sept. 2008 -
Vue générale depuis la château Fakhr-ed-Din
  Site grandiose entre tous, Palmyre (la Tadmore de Salomon), les tours-tombes de Lamliku, l'oasis, la ville nouvelle et l'hippodrome forment un ensemble remarquable dominé par le château arabe "Galat-ibn-Maan" construit au 12ème siècle pour résister aux Croisés.


Palmyre - Le Temple de Bel - JCL le 26 sept. 2008 -
  La grande colonnade, longue d'environ 1000 mètres, réalisée au 2ème siècle, relie le temple de Bel aux temples funéraires et constitue l'axe principal de la ville antique.


Palmyre - La grande colonnade -
JCL le 26 sept. 2008 
 




  
  C'est l'oasis, utilisée par les caravaniers depuis la nuit des temps, qui est à l'origine de la réputation de cet endroit placé loin de tout au milieu du désert pierreux, près d'une source chaude appelée Afqa. La cité ancienne a vécu grâce aux taxes prélevées sur le chemin des caravanes reliant l'Arabie, l'Afrique, l'Orient et l'Empire Romain (épices, soies, ivoire et autres matières ou produits précieux).

Temple du dieu Baal (Bel)

   Le dieu Bel (ou Baal) dont le culte date de -2300 (300 av JC) était adoré par les Palmyréniens. Le temple de Bel ci-contre, d'inspiration grecque, fut érigé au 1er siècle ap JC.


Palmyre - Les Tétrapyles -
JCL le 26 sept. 2008



   D'abord ville libre jusqu'au 2ème siècle ap JC, Palmyre fut progressivement intégrée à l'empire romain.


Effigie de la reine Zénobie

   Zénobie, reine de Palmyre, proclama l'indépendance de la cité-empire en 268 mais fut déboutée en 272 et exilée à Rome par l'empereur romain Aurélien (effigie de Zénobia ci-contre).


  Palmyre restera romaine jusqu'à la conquête arabe en 634.


Palmyre - vue de la dune et des tours-temples de Lamlikou, depuis le château Galat-ibn-Maan - JCL le 26 sept. 2008 -

JCL le 26 sept. 2008




  Ci-contre une ancienne demeure bédouine appelée maison-rûche sur la route de Palmyre.




2.9 - Krak des Chevaliers  -1000 ans (1000 ap JC) -

Krak des Chevaliers
  Sur le site accueillant une petite forteresse abbasside tenue par des Kurdes depuis 1030 environ, les Francs de la 1ère croisade, conduits par le normand Tancrède de Hauteville,  construisirent, à partir de 1110, une place forte permettant de surveiller le passage constitué par la trouée de Homs, qui donne accès à l'intérieur du pays à partir de Tartous.


Krak - vue vers le Liban et la trouée d'Homs -
JCL le 24 Sept. 2008
  La forteresse fut confiée en 1142 aux bons soins de l'Ordre des Hospitaliers qui l'occupèrent jusqu'en 1271. Elle faisait partie des ouvrages défensifs construits ou réhabilités par les croisés dans toute la région : Safita, Marqab, Saône (à l'Est de Lattaquié dans le Nord de la Syrie) ou Yahmour ("Chastel Rouge" près de Tartous) par exemple. Un système de communication visuelle par signaux, de fumée le jour et de feux la nuit, pouvait s'établir entre les différents sites (en complément des pigeons). Carte dans la bande latérale.


Krak - La cour des Chevaliers - JCL le 24 sept. 2008 -
Krak - Les écuries - JCL le 24 sept. 2008















  En 2008, la forteresse est encore en excellent état de conservation.


2.10 - Forteresse du Marqab  -1000 ans (1000 ap JC)

Qalat-el-Marqab


  La première place forte fut construite en 1062 par un seigneur local. La construction est en basalte noir. En 1109, la place fut prise aux Byzantins par les croisés qui la garderont jusqu'en 1188.

Marqab - JCL le 22 sept. 2008 -
Marqab - Salle de garde -
JCL le 22 sept. 2008 
  Ce furent les Hospitaliers qui s'installèrent dans la forteresse en 1188 pour en faire leur quartier général en Syrie.
 Ils y restèrent jusqu'en 1285, chassés par les Mamelouks.

Marqab - Vue vers Banyas et Lattaquié - JCL 22 sept. 2008 -
Marqab - Vue vers Tartous - JCL 22 sept. 2008 -













2.11 - Tour de Safita  -900 ans (1100 ap JC)


Le Chastel Blanc de Safita
     L'agglomération de Safita existe depuis l'époque cananéenne et phénicienne. Construite sur d'anciennes fortifications par l'Ordre des Templiers au début du XIIème siècle, la tour de Safita, appelée "Chastel Blanc", faisait partie intégrante du dispositif de défense des Croisés dans la région. Safita faisait partie du Comté de Tripoli.

Safita - Chapelle du Chastel Blanc
  La tour était conçue pour tenir un siège. Une citerne était ménagée dans le sous-sol.

  Le rez-de-chaussée est occupé par une chapelle, dédiée à St Michel, encore couramment utilisée par les chrétiens orthodoxes de Safita.

Tour de Safita - Salle des Templiers - JCL le 25 sept. 2008
  Au-dessus de la chapelle se trouve la splendide salle de garde qui était le lieu de vie des Templiers. Un escalier abrupt permet d'accéder ensuite à la plateforme supérieure ceinturée de créneaux.


Vue depuis la tour "Chastel Blanc"
Safita - JCL le 25 sept. 2008

   D'une hauteur de 28 mètres, la tour domine toute la région. La vue s'étend jusqu'à : Tartous, Arwad, les monts du Liban et les forteresses du Krak des Chevaliers, de Chastel Rouge et du Marqab. Le site a été pris par les Mamelouks en 1271.

2.12  - Forteresse de Masyaf  -900 ans (1100 ap JC)


Forteresse de Masyaf - Fief des Ismaéliens Nizarites -

  La forteresse de Masyaf remonte à l'époque byzantine. Elle a été soumise une première fois par les Croisés en 1104 et reprise par les Ismaéliens en 1141 avec plusieurs places fortes de la région pour assurer la protection du territoire conquis.


Forteresse de Masyaf - JCL le 23 sept. 2008 -
  Les Ismaéliens Nizarites sont une communauté chiite indépendante créée par Hasan i Sabbah en Perse. Ce disciple de Nizar était appelé "Le vieux de la montagne". Il résidait, reclus, dans la forteresse d'Alamut conquise en 1090 ( il y mourut en 1124) et perdue en 1256 (Mongols).
Forteresse de Masyaf - JCL le 23 sept. 2008 -


  Le territoire conquis par les Ismaéliens en Syrie a été appelé "Territoire des Assassins" par les Croisés. Le vocable utilisé par les Croisés ne doit pas être pris dans sa signification actuelle mais pourrait provenir du mot "Asas"(fondement en arabe). Les Ismaéliens pourraient être, par conséquent, les gardiens de la doctrine initiale (bâtin). Le représentant actuel de cette communauté est Karim Aga Khan qui réside en Inde.

  La forteresse de Masyaf fut conquise par les Mongols de Baybars en 1270.

2.13 - Domination ottomane pendant 400 années (XVIème au XXème siècle)

  En 1516, les Ottomans défont les Mamelouks. Ils seront eux-mêmes définitivement chassés en 1918 à la fin de la 1ère guerre mondiale (au cours de laquelle les Turcs avaient été alliés de l'Allemagne). Ataturk abolira définitivement l'Empire Ottoman en 1922.

2.14 - Mandat français (en 1920) 

  La reconnaissance d'une Grande Syrie, incluant des territoires allant de l'Irak au canal de Suez en passant par Chypre, n'ayant pas abouti, les instances internationales (Société des Nations) confièrent à la France en 1920 un mandat destiné à préparer le pays à l'indépendance.

  Après la création de l'état du Liban en 1920 et le rattachement de la Principauté d'Antioche à la Turquie (Hatay) en 1937, l'indépendance de la Syrie dans ses frontières actuelles fut proclamée en 1946.

2.15 - en 2008

  La Syrie est assurément un très beau pays, fier de son passé. Forte de ses atouts historiques et de la diversité de ses paysages, elle tente de s'ouvrir progressivement au tourisme. Il faut souhaiter que l'évolution se fasse dans le respect de l'authenticité de la région et de ses habitants.

  Le peuple syrien est d'une grande tolérance et d'une extrême gentillesse. Il est d'un naturel très accueillant et convivial. Pour que ce peuple soit mieux connu et apprécié par l'ensemble de la communauté internationale, il faut assurer la promotion de ces lieux mythiques (30 civilisations et 2000 sites archéologiques selon les spécialistes) en évitant les écueils que peut générer la coexistence entre les différentes communautés.

3 - Gastronomie

  La cuisine syrienne est ancestrale. Elle est basée sur les produits frais donc saisonniers.


  Pour le repas, la table de famille est préparée avec les mezzé qui sont un ensemble de hors-d'oeuvres présentés dans une multitude de plats séparés ou chacun picorera, avec ou sans le pain plat syrien coupé en lamelles.


  On pourra découvrir par exemple: le houmos, purée de pois chiches au citron et à l'huile de sésame; le taboulé, fait de persil coupé très fin, de petits morceaux de tomates, de burgol (blé bouilli et écrasé), de pomme de terre, de citron et d'huile; le toum, ail et citron mélangés dans du lait et de l'huile; le baba ghanouge, sorte de purée d'aubergines avec citron et huile, les feuilles de vigne farcies et roulées comme un cigare...etc...


  Au chapitre des viandes on trouve beaucoup de poulet présenté grillé, en brochettes ou en sauce mais aussi du mouton, de l'agneau et parfois du boeuf. Les plats sont agrémentés de toutes sortes de légumes (poivrons, tomates, oignons, pomme de terre ...) et accompagnés de boulettes farcies grillées ou cuites au four.

Houmos
  Le persil, la ciboulette, la menthe et beaucoup d'autres aromates rentrent dans la préparation de ces plats et apportent un parfum délicat à toute la cuisine locale. Toutes sortes de fruits viennent compléter ce divin tableau.

Kamaa
  Il faut accorder une mention particulière à un mets rare et délicieux : la truffe du désert connue depuis l'Antiquité pour ses vertus aphrodisiaques. Ce sont les "kamaa" que l'on trouve dans les régions semi-désertiques au gré des variations climatiques.


  Cette évocation de la cuisine syrienne n'a pas la prétention de couvrir la gamme de la gastronomie locale. Pour bien appréhender toute l'étendue de cet art culinaire il faut aller sur place et profiter pleinement des offres des restaurants spécialisés et, bien sûr, des séjours familiaux riches en accueil et en convivialité.

4 - En conclusion

  Douze jours en Syrie...c'est un excellent apéritif !
  Beaucoup de choses restent à découvrir ! 

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